L'habitat partagé : l'antidote à l'isolement


Occuper un logement privé, tout en ayant accès à des espaces collectifs communs, comme une salle de jeux, une buanderie ou un jardin partagé : tel est le principe de l’habitat partagé.

Facteur de convivialité et d’entraide, ce choix de vie séduit de plus en plus, y compris à Saint-Étienne. En voici quelques exemples.

Les Castors, les pionniers

Né en 2007 dans l’esprit de l’architecte-urbaniste Franck Le Bail, mais dessiné par son confrère Jean-Pierre Genevois, le premier projet collectif stéphanois de constructions passives en autopromotion réunit, depuis 2015, plus d’une trentaine de personnes dans trois bâtiments à ossature bois, sur la zone d’aménagement concerté (Zac) Desjoyaux, premier écoquartier de Saint-Étienne, au Crêt-de-Roc.

Dotés d’un double vitrage au sud, d’un triple vitrage au nord, les appartements traversants nord-sud possèdent une grande terrasse tandis que, de l’autre côté du terrain, cinq maisons mitoyennes sont érigées au bord d’un jardin partagé de 500 m².
Les propriétaires-occupants partagent des espaces communs : buanderie, atelier, studio d’accueil des familles ou d’amis…

Que de chemin parcouru et d’obstacle surmontés par les 13 foyers pionniers, désireux d’expérimenter une autre façon de vivre ensemble en ville, et rassemblés dans une société civile coopérative de construction baptisée « Les Castors du Crêt-de-Roc ».
« À l’époque, tout le monde nous prenait pour des extraterrestres qui allaient s’éclairer à la bougie, se souvient Jean-Marc Chazot, l’un des piliers du projet. C’était très inhabituel et ça le reste, même si d’autres initiatives ont vu le jour ! »

Le jardin partagé des « Castors », pionniers de l’habitat partagé à Saint-Étienne

Les Communs d’abord

En novembre 2023, 17 foyers, dont 12 familles (soit 27 adultes et 18 enfants, des personnes âgées de 1 an à 76 ans), réunis au sein de l’association Les Communs d’abord, se préparent à construire leur habitat collectif sur la Zac Desjoyaux. L’achat du terrain à la Ville a été acté en juin, le permis de construire validé et la construction devrait démarrer cet automne.
L’intention est de construire « un ensemble de trois immeubles écologiques pour 20 foyers sur cette friche réhabilitée » (trois appartements sont encore à pourvoir, deux T2 et un T3), porté par une société civile d’attribution (Scia).
Cet habitat proche du passif possèdera des appartements tous accessibles aux personnes à mobilité réduite (PMR), plus de 10 % d’espaces communs (buanderie, chambres d’amis, salle commune, salon enfants, espaces de rangement, atelier, garage vélo, parking PMR…) et un espace vert central.

Montant total du projet : 4 M€. Plus d’infos : lescommunsdabord@protonmail.com
 

Le Crézieu, l’exemple inclusif

Inauguré en juin 2022 rue Chomier, à Bellevue, avec le soutien de la Ville, l’immeuble Le Crézieu* propose 20 logements locatifs, dont huit en accès PMR (personnes à mobilité réduite). Tous sont occupés.
« Nous avons en moyenne trois demandes pour un logement de ce type, toujours très recherché parce qu’encore trop rare sur le marché », explique le Toit forézien, acteur local de l’habitat social collectif, qui a réalisé cette construction. Outre les surfaces importantes des appartements (40 m² pour un T1), ce projet a été élaboré en concertation avec l’Association des infirmes moteurs cérébraux et polyhandicapés (AIMCP) de la Loire.
Ouverture de porte d’entrée et cuisine domotisée, larges couloirs, lavabo de la salle de bain qui peut monter ou descendre, tiroirs faciles d’accès… toutes ces installations ont fait l’objet de réflexions menées avec les personnes handicapées afin de mieux répondre à leurs besoins et leurs demandes.
Cet immeuble correspond à un projet de vie sociale avec inclusion des personnes handicapées, participation et implication de tous les habitants à la vie de l’immeuble afin de favoriser le bien vivre ensemble. Tous les locataires, valides et à mobilité réduite, partagent un local et une grande terrasse commune qui permettent de se retrouver.
Le Crézieu : en gaga, c'est le nom donné à la lampe d’éclairage à feu nu utilisée par les mineurs, avant la création des lampes de sécurité à feu couvert.

Un atelier de cuisine dans l’immeuble inclusif Le Crézieu à Bellevue

 

Sol’EnVie pour vieillir ensemble

C’est au 17 bis, rue Benoît- Malon, que devrait voir le jour en 2025 un projet unique dans la région. Là, l’association Sol’EnVie souhaite ériger un habitat participatif et solidaire, destiné aux jeunes retraités prêts à s’engager à s’aider, pour les 20 ou 30 ans à venir.
Le groupe, constitué d’une dizaine de personnes âgées de 55 à plus de 60 ans, entend développer une forme d’habitat alternative aux établissements traditionnels pour vivre et, plus tard, vieillir ensemble. Une charte définit le projet conçu avec un habitat individuel d’une cinquantaine de mètres carré pour chacun des occupants, couples ou personnes célibataires, autour d’un grand lieu de vie central pour le partage. Sept appartements sont prévus. Deux foyers peuvent encore être accueillis.µLes logements seront tous en location pour faciliter la succession quand un foyer quittera l’habitat. L’association est en quête d’un constructeur et d’un bailleur prêts à porter cette réflexion avant-gardiste. Le projet Sol’EnVie sera présenté les 25 et 26 novembre 2023 au Salon Tatou juste et le 24 décembre 2023 aux Castors du Crêt-de-Roc.

> Plus d’infos au 06 75 44 98 29 ou par mail : solenvie42@gmail.com

Rhizomes a pris racine

Rhizomes habitat porte un projet de coopérative d’habitants à Saint-Étienne depuis 2019. L’association s’apprête à rénover un immeuble de la place Raspail, dans le quartier Beaubrun-Tarentaize, avec de nombreux espaces partagés et mutualisés (salle commune, buanderie, atelier, caves, chambre d’ami(e)s…).
Le collectif est accompagné par une professionnelle des projets d’habitat participatif. L’accès au foncier est rendu possible grâce au soutien de la Ville de Saint-Étienne, lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Développer l’habitat participatif en quartiers prioritaires politique de la ville » et l’engagement de Cap Métropole, la société publique locale d’aménagement et de construction du territoire stéphanois.
Une dizaine de logements devraient être créés, dont quatre à faible loyer. L’accueil des personnes en situation de vulnérabilité sociale est au coeur du projet grâce au partenariat noué avec le bailleur social stéphanois Néma Lové, ainsi que l’objectif de sobriété.

> Plus d’infos au 06 81 21 10 37 ou par mail : rhizomeshabitat@riseup.net

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