« Investir c'est changer la ville »

Publié le 26/02/2024

quartier Châteaucreux

Désendettement, baisse des dépenses de fonctionnement : la gestion rigoureuse du budget municipal depuis 2014 permet aujourd'hui à la Ville de s'appuyer sur des finances saines.
Malgré un contexte international inflationniste, la Ville fait le choix de maintenir en 2024 un niveau d'investissement ambitieux à hauteur de 50 M€.
Une décision forte qui passera par une hausse de 15 % de la fiscalité cette année.

Interview de Gaël Perdriau, Maire de Saint-Étienne

Dans quel contexte financier avez-vous été amené à élaborer le budget 2024 ?

Le budget 2024 de la Ville de Saint-Étienne s'appuie sur des finances saines. Bien plus saines qu'à mon arrivée en 2014. En 10 ans, la dette nette par habitant est passée de 2 023 € à 1 348 €, la capacité de la Ville à se désendetter est aujourd'hui estimée à 7 ans, contre 10 ans en 2014. À titre de comparaison, elle est de 53 ans pour Nice, 24 ans pour Paris ou encore 11 ans pour Nancy.

Et j'ajoute qu'avec l'éradication des emprunts toxiques depuis 2021, la dette de la Ville n'est plus soumise aux risques financiers que laisse peser le contexte de forte augmentation des taux d'intérêt.

Par ailleurs, notre rigueur constante depuis 2014, ainsi que les efforts d'économie fournis par l'ensemble de nos services, nous ont permis de réaliser une économie de 70 M€ dans nos charges de fonctionnement depuis 2014, soit une baisse notable de l'ordre de 25 %.

Le contexte économique international pèse néanmoins forcément ?

Bien entendu. Je dirais plus largement l'ensemble des grands événements qui se sont produits depuis 2015 : la crise des gilets jaunes, la crise sanitaire liée au Covid-19 ou encore les émeutes, qui ont engendré des dépenses supplémentaires. La guerre en Ukraine a entraîné une envolée des prix de l'énergie que les collectivités subissent elles aussi, sans compter l'instabilité au Moyen-Orient et ce contexte inflationniste persistant.

Malgré le plan de sobriété énergétique que nous avons mis en place en 2023 et que nous reconduisons en 2024 car il est efficace, nos charges générales sont passées de 42 M€ à 50 M€, entre 2021 et 2024.*

Il faut ajouter à cela d'autres facteurs exogènes, que nous subissons là encore de plein fouet. Je pense en particulier aux décisions gouvernementales concernant la rémunération des fonctionnaires. La hausse du point d'indice est méritée, elle est justifiée, mais elle est appliquée sans compensation pour notre budget et se révèle donc brutale.

Elle s'ajoute à la baisse des dotations de l'État qui représente une perte cumulée de 137 M€, depuis 2014. C'est colossal.

Gaël Perdriau

Est-ce ce contexte qui rend la hausse de la fiscalité désormais inévitable ?

Jusqu'à présent, notre bonne gestion nous a permis de résister, de franchir les obstacles, sans jamais augmenter les impôts depuis 10 ans, sans avoir à augmenter les tarifs des cantines ou des crèches depuis la crise inflationniste.
Mais nous arrivons au bout de notre effort d'optimisation de nos dépenses.

Aller plus loin en termes d'économies porterait immanquablement atteinte à la qualité du service public que l'on rend et que l'on doit aux Stéphanois. Cela interromprait surtout la dynamique d'investissement que nous avons engagée depuis 2014 et que nous voulons absolument maintenir en 2024, à hauteur de 50 M€.

Concrètement, quelles seront les conséquences pour le contribuable stéphanois ?

Je tiens tout d'abord à souligner que je ne prends évidemment pas cette décision de gaieté de coeur. Mais c'est une décision mesurée. Je rappelle que les impôts à Saint-Étienne n'ont pas augmenté depuis 2014.

Et il est également intéressant de noter que le taux moyen de la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) dans notre ville (38,85 %) reste inférieur à la moyenne nationale (50,89 %). L'effort demandé est donc moindre que dans d'autres grandes villes françaises.

Si l'on prend l'exemple concret d'un couple sans enfants, propriétaire d'un appartement de 67 m² dans le quartier Tréfilerie, il paiera désormais 791 € de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB), contre 662 € en 2023. L'augmentation entre 2023 et 2024 s'élève donc à 129 €, soit 11 € par mois.
Toutefois, avant la suppression de la taxe d'habitation, ce couple payait 1 183 € d'impôts. Cela représente donc en réalité 400 € de moins par an pour un foyer de ce type, entre 2020 et 2024.

Vous avez évoqué la dynamique d'investissement que vous souhaitez absolument maintenir. Pourquoi ce choix ?

Parce qu'il s'agit tout simplement de garder le cap et de projeter Saint-Étienne dans l'avenir. Investir, c'est changer profondément la ville et c'est ce que nous faisons depuis 10 ans, avec une enveloppe annuelle de 50 M€, contre 35 M€ auparavant. Cela nous a permis d'actionner le plan Écoles en 2020, avec des rénovations et des extensions d'établissements scolaires comme la ville n'en a jamais connues, dans chaque quartier.

Idem concernant l'éducation populaire, avec l'intensification des travaux dans les centres sociaux, dans les amicales laïques, à La Terrasse, à Solaure, à La Cotonne ou encore Beaulieu. C'est ainsi que nous nous battons pour l'égalité des chances et que nous aiderons nos enfants à réaliser leurs rêves.

Et notre projet urbain se poursuit.
Coeur d'histoire concentre à lui seul 23 chantiers. Nous démolissons les friches, nous renaturons ou reconstruisons, nous réhabilitons aussi, dans le parc public comme privé. Pour chaque chantier engagé, ce sont les carnets de commandes de nos entreprises locales qui se remplissent, et donc des emplois qui sont maintenus. Et quelque part, en modernisant notre ville, en valorisant notre patrimoine collectif, c'est le bien de chaque habitant, de chaque propriétaire, que nous valorisons.

En 2020, les Stéphanois ont choisi mon programme à près de 60 % des voix. J'ai à coeur d'aller jusqu'au bout et de mener à bien le plan de mandat.